Né en 1980 d’une mère française et d’un père libanais, j’ai fait mes premiers pas vers le dessin à la bombe sur les murs de Beyrouth à la sortie de la guerre.. J’écris mes premiers poèmes à la même période, adolescent, dans les années 90. De retour en France, je découvre le dessin automatique étudiant, en 99. C’est un rituel d’évasion que je pratique le soir avec l’écriture : laisser partir la plume selon une émotion, un état. Entrer dans une forme de transe. Ne pas contrôler, libérer le trait, se libérer du moi. Ne pas penser. Sentir. Exprimer l’impensé. Un mouvement d’exploration, un geste cathartique. Une quête aveugle d’absence et de sens. Je veux puiser dans l’inconscient. Faire remonter à la surface. Mettre mes ombres en lumière en lâchant prise.
La musique accompagne ces moments de création et favorise cet état de transe, et m’offre une transition. Je commence à mixer sur vinyle et à organiser des fêtes en 2002 ; Je trouve alors une autre façon d’exprimer l’énergie, d’explorer l’émotion, le mouvement, et de les partager.
Un fil rouge transparaît : Issu d’un mélange, j’en suis un vecteur. Je mélange les mots, les traits, les sons, les gens, et parfois tout ça ensemble. A la recherche de l’émergence, d’une forme de transcendance.
Je dessine en musique pendant près de 20 ans. Presque rien n’a pris sur la feuille. Autodidacte aux platines et à la plume, poussé par le besoin de créer, je n’ai pas appris à dessiner, c’est le dessin qui m’a pris. Septembre 2019, un voyage fort en émotions à Beyrouth. Plus de 300 visages en 1 mois. La révolution d’octobre, une 1ère expo en décembre, 1000 monochromes fin 2019. Passé au tamis il en reste peu. Mais cela suffit pour voir émerger quelques pépites. C’est un travail de chercheur d’or qui occupera des milliers d’heures pendant les 3 années qui suivront. Il en sortira les deux piliers de ma pratique graphique : la répétition et le lâcher prise. La feuille m’hypnotise, agit comme un révélateur. Mon inconscient dessine en pochoir. Je n’utilise pas de modèle et je ne sais pas ce que je vais dessiner avant de lancer le trait. Je sculpte le papier de l’élan qui m’habite. Puis c’est dans l’œil de chacun que ces dessins s’animent, en paréidolies.
La couleur et de premières commandes arrivent en 2020, de 1ères sérigraphies et t-shirts, plusieurs expositions et propositions suivront à Paris Lyon, St Etienne, et Beyrouth à nouveau. Le chemin continue. Les formats changent, les techniques évoluent : encres, peinture, bic, feutres, marqueurs, techniques mixtes… Au fil des rencontres et des émotions, de médias en matières, le dessin évolue, insaisissable et organique, via une trame automatique.